Rolling Stones, des disques qui roulent

 

[Dimanche en chansons #24]

 


Un mois après avoir écouté l’intégrale Bowie, je me suis lancé un nouveau défi, en attaquant l’intégrale des Rolling Stones. Le projet est différent, puisqu’il s’agit cette fois d’un groupe que j’adore et avec lequel j’ai grandi, puisque mon papa était un grand fan et qu’il s’agit presque du seul groupe de rock qui trouvait grâce à ses yeux.

Cependant, j’ai quand même souvent critiqué les albums et préféré me faire des playlists, notamment concernant les premières chansons et j’ai toujours snobé ce qui est sorti après 71/72… De même, je pensais que les Stones étaient restés en dehors des modes et qu’ils s’étaient au pire répétés, mais jamais fourvoyés. Je me trompais dans les deux cas, puisqu’il y a des très bons disques tardifs des Stones, et il y a aussi des horreurs au son FM bien putassier.

Pour terminer l’introduction, notons que c’est un peu le bordel entre les albums anglais et américains au début. J’ai donc choisi de suivre les sorties anglaises, pour faire le puriste. Résultat, il me manque certains tubes, au hasard Paint It Black, car celui-ci n’est sorti qu’en 45 tours en Angleterre et n’a été mis que sur la version américaine d’Aftermath. Il en est de même pour Satisfaction, exclu de la version anglaise d’Out Of Our Heads, mais présent sur l’américaine. En effet, jusqu’au dernier tiers des années 60, il est de coutume d’exclure les singles des albums, probablement pour encourager les ventes des 45 tours.

Passons au classement, du pire album jusqu’au meilleur (En bonus, la playlist Spotify) :

 


23 – Dirty Work (1986)

En même temps, le nom de l’album ne laisse aucune place au doute.

 

 

 


22 – Voodoo Lounge (1994)

Alors, comment dire… Le synthétiseur, dans le rock, déjà, c’est non. Mais le clavecin synthétisé, c’est limite un crime contre la musique.

 

 

 


21 – Emotional Rescue (1980)

Du saxophone, de la guitare funk à l’arrache, Mick Jagger qui prend une voix de fausset… Les années 80 commencent mal.

 

 

 


20 – Undercover (1983)

Il parait que pendant les années 80, les Stones sont au bord de la séparation et ne se supportent plus. Je pose donc la question. Pourquoi avoir continué à faire des disques ?

 

 

 


19 – A Bigger Bang (2005)

Pour la première fois, les Stones mettent huit ans pour sortir un album. Tout ça pour ça, pourrait-on dire.

 

 

 


18 – Steel Wheels (1989)

Il paraît qu’il s’agit de l’album de la renaissance pour le groupe. Alors c’est vrai qu’on partait de loin et que c’est surtout depuis cet album que les Stones ont repris leurs tournées permanentes. Mais c’est quand même pas terrible…

 

 


17 – Blue & Lonesome (2016 )

Un sympathique premier album constitué de reprises, où l’on regrette l’absence de chansons originales et le fait que les musiciens ne prennent aucun risque dans leur interprétation. Néanmoins, on se dit que ces petits jeunes ont du talent et que la suite pourrait être intéressante. Oh wait…

 

 


16 – Black and Blue (1976)

Ca commence à décliner sévèrement. Premier album avec Ron Wood, qui ne mérite pas le titre de fossoyeur du groupe même si son arrivée coïncide avec l’effondrement artistique. Cet album confirme la règle qui dit que quand tu commences à faire du reggae, c’est que tu n’as plus grand chose d’original à raconter. Quelques jolis morceaux quand même.

 

 


15 – Bridges to Babylon (1997)

Un des rares albums récents du groupe que j’ai écouté plus d’une fois (je l’avais pris à la bibliothèque à l’époque de sa sortie). Pour la première fois depuis longtemps, on a le sentiment d’un groupe heureux de jouer ensemble et qui recherche réellement à écrire de nouvelles chansons. Il parait que la critique avait détesté cet album à l’époque. Je le trouve bien moins pire, ne serait-ce que pour le morceau d’ouverture, Flip The Switch et pour l’élégant Saint Of Me.

 

 


14 – The Rolling Stones (1964)

Premier album, majoritairement constitué de reprises. La voix est déjà là, quelques instrus sont déjà excellentes, surtout pour un album enregistré dans des conditions très artisanales en quelques jours. Pas vraiment de tubes mais certains morceaux sont quand même intéressants.

 

 


13 – It’s Only Rock ‘n Roll (1974)

Voilà, je crois que tout est dans le titre. Les Stones, ce n’est plus que du rock avec des solos de guitare à la con. C’est tellement chiant qu’on dirait du Deep Purple.

 

 

 


12 – Goats Head Soup (1973)

Comment peut-on se noyer aussi vite après avoir atteint les sommets ? Comment après avoir produit ses trois meilleurs albums et avoir marqué à jamais l’histoire du rock peut-on retomber dans l’ordinaire à ce point ? Alors, oui, aucune chanson n’est vraiment mauvaise, mais qu’est-ce que c’est facile, qu’est-ce que c’est triste… Et en plus, qu’est-ce que je déteste la larmoyante Angie !

 

 


11 – No. 2 (1965)

Encore beaucoup de reprises, certaines oubliables (vous l’aviez déjà écouté, vous, la version de Everybody Needs Somebody To Love qui introduit ce disque ?), d’autres exceptionnelles (Time Is On My Side, incroyable !). Trois compositions originales apparaissent sur le disque et sont probablement les trois plus mauvaises chansons.

 

 


10 – Between the Buttons (1967)

Juste après l’incroyable Aftermath, cet album fait un peu tache, il faut bien le reconnaître. Bon, l’absence de ses deux singles américains, Let’s Spend The Night Together et Ruby Tuesday, deux des plus belles chansons du groupe, ne lui rend pas justice. Malgré cela, on a un peu l’impression d’écouter les chutes de l’album précédent, à deux ou trois très belles chansons près (Back Street Girl, Please Go Home). Mick Jagger lui- même a déclaré ne pas apprécier l’album, notamment la méthode d’enregistrement qui écrase complètement le son du disque.

 


9 – Tattoo You (1981)

Album constitué avec les chutes des albums précédents, qui réussit le tour de force d’être meilleur que la plupart d’entre eux. Notons par exemple le tube Start Me Up, qui n’a pas été retenu sur Black and Blue. Bon, il parait qu’à l’époque, c’était un reggae, ce qui explique pas mal de choses…

 

 


8 – Some Girls (1978)

Renaissance artistique ou baroud d’honneur d’un groupe à la dérive ? Difficile de répondre car, même s’il s’agit probablement du dernier bon album du groupe. Il arrive après des albums pour le moins oubliables et surtout, au milieu d’une période difficile pour le groupe qui ne se supporte plus. Keith Richard vient d’échapper de justesse à la prison à vie et Mick Jagger est au sommet de son arrogance. Mais l’album montre qu’il n’est nul besoin de s’adorer pour faire du bon travail ensemble. Ce qui permettra à la bande de se supporter pendant les 40 années de carrière qui vont suivre.

 


7 – Out of Our Heads (1965)

Écouter ce disque sans entendre Satisfaction est une sensation étonnante. La réédition a d’ailleurs fusionné les versions anglaise et américaine pour compenser ce manque incroyable. L’album, dépourvu de son tube absolu, donne un sentiment mélancolique étrange. Les compos deviennent plus intéressantes et commencent à prendre le dessus sur les reprises, même si le son, toujours aussi blues, reste très inspiré par l’Amérique.

 


6 – Their Satanic Majesties Request (1967)

L’album psychédélique des Stones pour lequel j’avais une passion plus jeune mais qui m’a beaucoup moins transporté lors de cette écoute. Bien sûr, il y a l’humour de ce disque, pied de nez au Sergent Peppers des Beatles (qui collaborent néanmoins sur un morceau ou deux), provocation vis-à-vis du gouvernement britannique et référence aux ennuis judiciaires du groupe… Il y a aussi l’excellente She’s a Rainbow, martyrisée par la pub Manpower qui a osé nous faire croire qu’on pouvait avoir envie d’aller au travail sur de la musique psyché, mais l’ensemble manque de cohérence et de profondeur.

 


5 – Beggars Banquet (1968)

Ce disque fait l’effet inverse des précédents, puisqu’il ouvre sur l’un des meilleurs morceaux de tous les temps, Sympathy for the Devil qui écrase le reste du disque, pas au même niveau, malgré le puissant Street Fighting Man. La pochette choisie par le label (à droite) et celle voulue par le groupe (à gauche), qui sera celle de la réédition en CD, montre bien cependant la rupture du groupe qui s’oriente vers le rock et le blues et s’éloigne de la pop et du son des Beatles et l’album annonce la couleur, plus sombre, des suivants. 

 


4 – Aftermath (1966)

Ce disque est dingue et l’absence des singles ne gâche absolument rien (alors que bon, Paint It Black, bordel !). Premier album constitué intégralement de compositions originales, on peut apprécier le talent d’écriture du duo Jagger/Richards enfin en place, notamment sur la superbe chanson Lady Jane et surtout sur l’incroyable Goin’ Home, morceau hypnotique de 11 minutes, improvisé en une seule prise et qui place vraiment la bande au-dessus du lot. En l’écoutant, on a le sentiment d’une perfection érotisée que les Doors vont rechercher tout au long de leur carrière.

 


3 – Sticky Fingers (1971)

Une pochette légendaire, un morceau d’ouverture d’anthologie (Brown Sugar), qu’est-ce qui n’a pas été déjà écrit sur ce disque ? Je peux juste ajouter qu’il contient deux de mes chansons préférées, Wild Horses et Sister Morphine, ou quand les Stones calment le jeu sur la virilité et l’érotisme sur un album dont la pochette représente une braguette…

 

 


2 – Exile on Main St. (1972)

J’ai toujours considéré cet album comme mon préféré, malgré la présence récurrente d’un saxophone, comme quoi. Il faut dire que cet album est fou. On ressent tout au long du disque l’effort, la violence, la rage qu’il a fallu aux Stones pour l’enregistrer. L’histoire du disque est célèbre et parfois un peu mythifiée. Mais c’est justement le mythe des Stones que nous raconte ce disque, du Rip This Joint rageur jusqu’à l’enivrante Shine a Light. L’album est un long cheminement dans le rock, le vrai.

 


1 – Let It Bleed (1969)

L’album parfait, de la pochette jusqu’à la dernière chanson (les chœurs sur You Can’t Always Get What You Want, quelle beauté !) en passant par une chanson d’ouverture incroyable et la chanson préférée de ma tendre et chère, ce qui ne gâche rien (You Got a Silver, Keith Richard à son meilleur), sans oublier Midnight Rambler et ses ralentissements/accélérations enivrants… Dernier album où apparaît Brian Jones, exclu du groupe au début de l’enregistrement et décédé avant la sortie du disque, ce qui ajoute une pointe de dramaturgie non négligeable. Je peux écouter cet album en boucle. D’ailleurs, c’est ce que je fais, ce qui rend l’écriture du reste de ce top compliquée.

 


 

Voici donc la fin de cet exercice qui, je l’espère, vous aura plu. Pour moi, ce fut moins douloureux que pour Bowie (les Stones ont quand même fait moins de mauvais disques) mais aussi un peu moins drôle. En mars, j’essaie de vous proposer le même exercice avec Renaud, histoire de renouveler un peu le genre.

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