Parfois, un bon film vaut mieux qu’un long discours

Sur l’intégration

Chaos de Coline Serreau (2001)

Un soir, un couple bourgeois est témoin de l’agression d’une jeune fille. Alors que le mari bloque les portes de sa voiture et s’empresse par la suite de nettoyer les traces de sang, la femme ne peut se résoudre à abandonner cette fille à son sort. Elle part à sa recherche et la retrouve en réanimation dans un hôpital.  Abandonnant son foyer oppressant, elle va soutenir la jeune fille dans son retour à la vie, envers et contre tous.
Film coup de poing d’une réalisatrice atypique, qui dénonce aussi bien la lâcheté quotidienne, la violence subie par les femmes d’origine maghrébine que la bêtise et l’aveuglement des mouvements antiracistes. Ce film dérange et remue nos tripes.



Just a kiss (Ae Fond Kiss) de Ken Loach (2004)

Dans la banlieue de Glasgow, un jeune homme, fils d’émigré pakistanais, doit se marier à sa cousine Jasmine. Coincé entre son respect pour sa famille, sa culture et son désir d’aller de l’avant, il s’éprend de Roisin, enseignante dans l’école catholique de sa sœur.
Roméo et Juliette sous la pluie de Glasgow, sous fond de communautarisme à l’anglaise. Vibrant appel de Ken Loach pour une société multiraciale et de tolérance. Délicieux jusque dans la provocation de la petite sœur, musulmane, en école catholique, brandissant le maillot des Rangers sous les hués de ses camarades.


 
Head-on (Gegen die Wand) de Fatih Akin (2004)

Cahit, la quarantaine passée, immigré turc en Allemagne, désabusé et alcoolisé rencontre à l’hôpital psychiatrique Sibel, elle aussi issue de l’immigration turque, à la recherche de la liberté. Elle le convainc d’un mariage bidon pour qu’ils puissent vivre tous les deux libérés du poids de leur environnement.
Triste et beau, ce film est une histoire d’amour à l’envers sur deux grains de sable se battant contre les vagues.





Sur la délinquance

La solitude du coureur de fond (The Loneliness of the Long Distance Runner) de Tony Richardson (1962)

Colin Smith, jeune délinquant en centre de détention après un vol, a pour seule passion la course à pied. Ce sport lui permet d’exister dans l’établissement et lui offre la reconnaissance de l’autorité. Mais son désir de rébellion brûle au plus profond de lui-même.
Film sous forme de monologue psychologique, démontrant le syndrome d’autodestruction d’un jeune qui refuse que sa réussite bénéficie à ceux qui l’ont opprimé.




Sweet sixteen de Ken Loach (2002)

A la sortie de prison de sa mère, un jeune adolescent qui veut enfin trouver une vie de famille normale va tout faire pour protéger sa mère et ses sœurs. Jusqu’à tomber dans la délinquance et la violence.
Film coup de poing de Ken Loach, à la fois drame social et thriller dans les bas-fonds, le réalisateur démontre d’une manière quasi-documentaire les mécanismes de la violence.




Sur les luttes sociales

Puisqu’on vous dit que c’est possible de Chris Marker (1973)

En 1973, les ouvriers de la fabrique de montres LIP, après l’échec des négociations syndicales, prennent en main leur usine, en autogestion. Avec un slogan : C’est possible : on fabrique, on vend, on se paye.
Montage de Chris Marker à partir d’images prisent durant le mouvement, ce film montre l’intemporalité de la lutte de ces ouvriers, abandonnés par le gouvernement, les banques et les patrons, mais au courage sans failles.



Commentaires

  1. Dans la série drame-social-absolu-que-Ken-Loach-c'est-Mister-Bean-à-côté, il y a Precious (avec en plus ce truc totalement improbable, à savoir Mariah Carey dans le rôle d'une assistante sociale, qui joue sobrement, et qu'on a même du mal à reconnaître).
    Bonne sélection, sinon, faudra que je regarde les 2 ou 3 qui me manquent!

    RépondreSupprimer
  2. Je rajouterais le film qui montre le parcours d'adolescents de la même ville, mais d'horizons très différents, qui reprennent avec 2 danseuses de la troupe de Pina Bausch le spectacle Kontakhof. Ce film montre que l'ouverture au monde et aux autres, suscitée ici par la danse, est un levier formidable.

    RépondreSupprimer
  3. Eh Marie, c'est juste que sur Precious, ils avaient pas de budget pour le maquillage....

    RépondreSupprimer
  4. Sur les luttes sociales je citerais "entre nos mains" documentaire de Mariana Otero (2010)dans lequel la plupart des salariées d'une usine de lingerie en faillite, sont à la fois très lucides sur les rapports de pouvoir, de classe, hostiles quand le patron veut reprendre la main, et en même temps se laissent gagner par le rêve, l'utopie, l'humour.... Un film qui fait dans la dentelle!

    RépondreSupprimer
  5. J'ai oublié de donner le titre du film dans le 1er commentaire, il s'agit de "Les rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch"

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés